Les ados et l’argent : pourquoi on arrête le cash
Bienvenue dans le futur.
Nous sommes en 2052. Diablo, 15 ans, vient voir son son père, un peu perplexe. Dans la poche d’un vieux blouson qu’il lui a donné, il a trouvé des trucs bizarres. De petits objets ronds en métal, assez lourds et plutôt sales, de tailles et couleurs variées. Ça le dégoûte un peu. Son père rit de bon cœur et lui explique que ce sont des pièces de monnaie, dont on se servait encore pour payer des choses au début du siècle.
Diablo est stupéfait que son père ait connu une période aussi archaïque. Depuis 2040, la biométrie s’est totalement démocratisée, et tous les paiement s’effectuent par scan de l’iris oculaire.
Ce petit récit médiocre relève-t-il de la science-fiction ?
Pas nécessairement. Tout va très vite dans le monde, en matière de moyens de paiement. En Chine par exemple, de nos jours, les cartes ont déjà presque complètement disparu. Les gens paient tout avec leur téléphone.
Et chez nos jeunes ados français, le cash est presque déjà, aussi, de l’histoire ancienne. Les chiffres ne trompent pas : en septembre 2019, sur cette tranche d’âge, 9% des dépenses seulement provenaient de retraits aux distributeurs automatiques…
C’est bien la fin inéluctable de l’argent liquide auquel on assiste.
Et les gouvernements successifs poussent d’ailleurs à fond dans ce sens.
Pour lutter contre le blanchiment, une loi est passée en 2014 interdisant purement et simplement les achats de plus de 1000 euros en liquide. L’idée, jugée invasive pour certains, est évidemment de pouvoir tracer l’argent de ceux qui le dépensent. C’est vrai que c’est invasif. C’est le but.
Et c’est incontestablement le sens de l’histoire, n’en déplaise aux grincheux, aux adeptes du black, aux dealers et autres marchands d’armes. Pas pratique, volable, l’argent liquide n’a plus vraiment de raison d’être. Si ce n’est justement l’opacité de son usage.
Exactement ce qu’on ne souhaite pas dans les mains d’un jeune, finalement.
Et puis un peu de bon sens : quand le gamin part en vacances, on va pas lui donner une enveloppe de cash, non plus. Pour peu qu’il parte à l’étranger hors UE, il faudrait même qu’il se trouve un bureau de change qui l’arnaquera probablement. Non, non, c’est fini tout ça. Il lui faut une carte, à ce gosse, et on n’en parle plus.
Après, on ne va pas se mentir : si le cash « brûle les doigts » comme on dit, la carte sait le faire aussi. Surtout avec le paiement sans contact qui a encore diminué l’impression de dépenser de l’argent.
Car quasiment tout se paie en carte de nos jours. À quelques exceptions, comme le café au comptoir, la drogue ou les paquets de cigarettes à l’unité. Ça tombe très bien, c’est tout ce qu’on ne veut pas qu’il consomme.
Et merci bien !